Adira


Hengki Koentjoro



Voix dans la nuit
comme une serpe de lumière
glanant l'amoureux par le devoir
mille fois éconduit.
Adira
pur esprit dans sa robe de chair
dont la fente murmure à la fente
de tous les hauts murs,
déjoue par l'écrit
la société des interdits.
Adira
rebelle à bouche d'abeille
déversant l'or de son miel
 à la conque de l'oreille
qui voudra bien l'aimer,
criant parfois à celle du ciel
et du Père
qui d'une brise légère,
d'un chant d'oiseau, vient encore l'apaiser.

Et puis tout au bout, longtemps après la chute
des barrières
le pas en arrière de l'homme qui au feu
ne se donne jamais.

Alors, Adira se couche et s'endort
dans une tiédeur détestée.






6 commentaires:

  1. Je te retrouve merveilleuse Adira dans ce merveilleux poème: illumination sur des thèmes qui te sont chers.

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    1. Je me demande si la poésie et plus généralement l'écriture n'est pas une manière de se dédoubler pour mieux s'observer...l'écriture pour s'effeuiller jusqu'à l'âme, jusqu'au tréfonds de la pensée, pour y voir un peu plus clair dans nos actes, nos refus, nos reculs. Pour soupeser l'interdit, en évaluer l'impact sur nos vies.Tentée ou pas, Adira? Soulevée en tout cas, le front en plein soleil par une non-histoire. Oui c'est bien étrange tout ça.

      Mais demeure une question: qu'est-ce qui dans cette aventure est du domaine de la réalité ou de l'imaginaire? ;)

      Bises du jour David

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    2. Je crois que toute production « artistique » inclut une part de nous-même, que nous le voulions ou pas. Et en ce sens, je crois que pratiquer une activité « artistique », que ce soit l’écriture ou tout autre moyen d’expression, est une forme d’introspection, autrement dit une « manière de se dédoubler » pour inscrire se double dans l’œuvre. Œuvre qui au final, en tant que notre double, cherche à « voir un peu plus clair dans nos actes, nos refus, nos reculs. Pour soupeser l'interdit, en évaluer l'impact sur nos vies. » Montaigne en introduction de ses « Essais » écrivit « C’est moi que je peins. », il me semble qu’un grand photographe de la même façon déclarait que ce qu’il photographiait d’abord c’était lui-même, et je suppose que de ces exemples ne sont pas uniques. Comme ils avaient raison !

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    3. Il parait que Dieu est dans sa création, alors nous tu penses! sourire. Et je suis tout à fait raccord avec ton point de vue. Ce qui m'intéresse à ce point de ma réflexion sur l'écrit c'est moins le fait de se livrer que celui de se dédoubler pour s'observer comme du "dehors", tu vois? En gros j'écris, je me dis, mais dans le même temps je sors de moi-même pour réfléchir sur ce que je livre. Moi observe Moi. Ma psyché est curieuse. ^^

      Mais on est bien d'accord, il y a bien une part plus ou moins importante et visible de nous dans nos écrits. Et j'ajouterai que souvent c'est ce qui n'est pas clairement dit dans les écrits des autres qui provoque en moi le plus de remous...

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  2. Je lis, je relis... c'est un poème étrange et qui me touche,
    sensible,
    sensuel,
    mystérieux
    lumineux et... terrible !

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    1. Sourire. Je te rassure Ka je le trouve aussi étrange,il est venu d'un jet mais il était si paradoxal que j'ai dû le réécrire. Je n'aurai peut-être pas dû. Je me demande si on ne devrait pas laisser ce que l'on a tout au fond s'exprimer sans nécessairement "l'arranger" ensuite...Ce texte était bourré en apparence de contradictions mais il s'inscrivait dans un fil de pensée parfaitement logique. Il va falloir que j'apprenne à me laisser plus de liberté :)

      "Terrible" Ka? Pourquoi?

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