Reflux






Je ne cherche plus des yeux
l'écueil de ses mots,
je ne suis plus dressée, toute ma sève tendue,
à guetter le timbre sombre
ce glas de sa voix
dans les lointains échos.
J'ai désuni mon front
du plus tendre mirage,
d'un rêve qui allait claudiquant
parce qu'amputé
de la moitié de son âme.
Je me suis détournée, j'ai retiré mon coeur,
mes jambes l'ont suivi
fait trois pas en arrière.
Ma bouche a quitté la bulle d'opium
où doucement, je respirais
où doucement je mourais.

Mais j'ai trop brûlé pour m'éteindre enfin sage,
je suis désormais l'âtre où crépite la flamme.


2013


12 commentaires:

  1. Le rivage se déshabille.
    Ôte un à un ses vêtements mouillés.
    Retire ses gants salés, par ondes retournant.
    Sa peau nue est brillante et lisse, caresse couleur dorée.
    Plus quelques cicatrices...

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  2. Joli-doux-bleu-écho. On croit aux fées on croit à dieu, on croit des choses qui ne sont pas parce qu'elles sont pendant un temps réchauffantes. On a tous besoin d'une petite laine pour le coeur de temps en temps. Qu'en était-il vraiment? Au fond, pas grand chose. Ce n'est ni triste ni gai, il ne s'est juste rien passé :)

    Beau jour à toi David :)

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  3. Tout est asymétrique .Nous sommes en permanence entre rêve et réalité, justice et injustice, jour et nuit,
    espérance et désespoir.
    Edmond Rostand dans Chantecler affirme magnifiquement:
    " il n'est de grand amour qu'à l'ombre d'un grand rêve "
    J'aime beaucoup ton texte.
    Renaud.

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    1. Bonjour Renaud, je connais cette phrase de Rostand et j'avoue que ça me parle bien que l'inverse soit plus juste pour ma part.

      Nous sommes des êtres "flottants", certains flottent plus que d'autres avec leurs os d'oiseaux...

      Merci d'être passé Renaud :)

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  4. Balancement. Un pas en avant, deux pas en arrière. Les histoires dont on se berce et la réalité qui nous rattrape. Nos amours et... "Non je ne suis jamais seul, avec ma solitude" !
    Bises chère Dès !

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    1. Oui, et le balancement donne parfois la nausée ;) Je me sens souvent comme un ballon gonflé à l'hélium qu'un fil empêche de monter, se perdre tout à fait. Est-ce un bien ou un mal je suis partagée. C'est bien ma nature ça, d'être partagée. J'aimerai bien un jour avoir quelques certitudes. Pour changer, me reposer. Belle illusion.

      Des bises amicales chère Ka :)

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  5. La flamme brûle toujours, c'est l'essentiel...
    J'aime beaucoup ce texte !

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  6. Bonjour Marcelle, et bienvenue :)

    Vous ne m'êtes pas inconnue puisque je vous ai vu ici et là chez des personnes amies, notre cher Vieux Marmot entre autres.

    Oui comme vous le dites la flamme brûle toujours et c'est bien là l'essentiel.

    Amitié

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  7. J'aurais tant voulu pouvoir dire je t'aime et entendre répondre oui c'est toi. Mais aussi tôt j'ajoute sais-tu de qui je parle et j'instille le doute comme un reflet du mien. Et puis j'attends dans l'âtre de l'autre cheminée... Ou je repars à l'assaut des moulins pour éviter d'affronter l'amour directement... Car ça fait peur!

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  8. Marmot, Vénus te titillerait-elle les contours? ^^

    Quand à instiller le doute c'est un jeu dangereux dont j'ai fait les frais. Mon coeur poétique ne s'en est pas encore remis...

    Certains m'ont approché en me disant "j'aimerai tant t'inspirer" puis ils ont joué à l'arlésienne. J'ai été plus touchée de cet aveu que flattée mais la plupart du temps une fois l'effet d'annonce passé il ne reste que du vent. Ou pire des non-dits. Voire de l'agressivité. Parce que je ne devine pas le coeur des hommes. J'en ai connu deux comme ça, qui écrivent des jolies choses. Mais était-ce à moi ou à une autre, à toutes les autres? Attendaient-ils une réponse? Je n'ai jamais eu l'outrecuidance de le demander.

    Mes bises douces du dimanche Nico :*

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  9. Mes contours sont bien flous mais Vénus est toujours la bienvenue!
    Instiller le doute par calcul, c'est cruel par celui qui donne et dangereux pour celui qui reçoit. Je rebondissais sur le balancement, la peur de se donner par peur du ridicule, de la souffrance, ce qui fait les amoureux transis, les non-dits sans effet d'annonce préalable. Il m'en reste quelques vieilles blessures nostalgiques.
    Quant à inspirer! Tu te souviens, il y a quelques années nous avions plaisanté sur un emploi de muse au masculin, mais pas à temps plein. Eh bien quand je lis un texte de toi qui me touche particulièrement, je le vis comme pour moi et je t'aime à travers lui. Et j'ai été tigre, oiseau, abeille, éléphant, fleur des champs, plume... Et si je n'ai pas la prétention d'être l'inspirateur, je suis le receveur et je sais que tu m'aimes et que ça se partage(comme toi, je préfère être touché que flatté). Et si ce n'est pas à plein temps de présence, nous sommes toujours là. Au moins ici, je ne balance pas.

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  10. Alors j'ajouterai juste que je suis ravie, vraiment, que tu reçoives ce que j'écris, que tu le prennes pour toi. C'est je crois le plus beau destin pour un petit poème que d'être ainsi accueilli. Moi ça me va.

    Quand à l'inspirateur, vu sous cet angle il n'a au fond qu'une importance réduite, parce que ce qui importe c'est quand même le chemin pas le point de départ. Et puis de toutes façons il s'en fout l'inspirateur, ce que j'écris c'est du caca alors...on ne peut pas forcer les autres à aimer ce qu'on écrit, son style paysan de bonne terrienne, sa simplicité, voire son côté trivial, quand l'autre en face n'aime que les néons, les strass et les vitrines sociales. Tu vois bien que je n'ai rien d'une vitrine sociale, je ne peux pas par nature être dans le paraître puisque je suis fondamentalement dans le disparaître.


    J'imagine bien que tu puisses avoir des blessures qui même vieilles sont encore sensibles sous le doigt. La peur de se donner, oui, on ne peut l'éviter surtout quand l'autre en face est lui-même sujet au même mal. On tangue d'un pied sur l'autre et on finit par casser une belle histoire textuelle.

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