Floraison







Hâte-toi mon coeur,
hâte-toi de vivre!

Car il est bientôt l'heure.
Ma carcasse épuisée ne tiendra plus longtemps
le siège du sang et des humeurs.

Hâte-toi mon coeur,
hâte-toi de t'ouvrir!

De fendre ta coque défensive
sous la poussée de l'amande d'un ultime printemps.
Laisse-ton fruit mûrir, s'offrir, souffrir
tout en restant la fleur
que tu es au-dedans.
Hâte-toi mon coeur,
mon brave petit coeur.
De te donner sans plus de contrepartie
que la gran'joie d'aimer.

Hâte-toi mon coeur,
dépêche-toi, ne retiens pas, ne compte plus,
d'ailleurs, tu n'as jamais su!

Hâte-toi petite bête
et cesse d'avoir peur.
Ouvre les portes et les fenêtres,
renverse tous les murs qui te gardent et te guettent,
et qu'importe qu'ils te pillent,
tu auras eu au moins quelque utilité :
celle de nourrir un temps, les oiseaux passagers.

Ne te noie plus d'amertume, tarit cette clepsydre,
n'espère plus rien de l'autre aussi seul que toi,
aussi aveugle que toi.
N'attends plus que le vent
et sa douce caresse : il est ton seul amant.


2008

6 commentaires:

  1. Superbement touchant !
    Bravo ma belle !

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    1. Hello Cath, encore merci pour tes voeux si intelligents: je vais garder précieusement cette lettre pour la relire quand le temps sera trop gris :)

      Bise

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  2. Réponses
    1. Ah si c'était aussi simple. Pourtant c'est aussi simple n'est-ce pas? ^^

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  3. La simplicité... c'est probablement la chose la plus compliquée à atteindre...
    Très beau texte

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  4. Merci Tinuviel. Je n'ai pas d'autre ambition que celle_là: être simple.

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