Des ânes






Elle voulait que je range mes jouets
Que je vienne pour la sieste
La journée était trop belle
Pour la gâcher dans le sommeil.
Je tenais des ânes qui se braquent
Et des armes qui s'enrayent :
Elle eut tort de vouloir me plier quand même
En me promettant une fessée.

Alors, je lui ai hurlé que j'allais me tuer.

J'ai jailli comme une balle éperdue
De l'enclos de la cour
J'ai volé, mon Dieu, j'ai volé par-dessus le blé vert,
Propulsée par ses cris et sa colère.

Deux ailes folles avaient crevé mon dos
Et je volais à toutes jambes
Vers la mort qui roulait, à un jet de pierre
L'épaisseur noire de ses flots.

J'ai volé véloce pour échapper à la vie
A son odieuse contrainte
Qui se posait en joug à mes reins.
Quand elle a compris que je ne ferai pas demi-tour
Elle s'est jetée à genoux,
Et les deux mains au ciel
M'a supplié de revenir.

L'univers s'est assourdi d'un coup, et j'ai couru plus vite.

A un mètre de l'eau, je suis tombée.
La raison m’a alors rattrapée :
Je ne savais pas nager.



2007.

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