Madeleines






Rien ne m'évoque plus l'été que le pin parasol.
Même au creux blanc de l'hiver
Contre son tronc de grand brûlé
Flotte l'odeur de la garrigue surchauffée.
Marcher sur le tapis glissant
De ses aiguilles tombées
C'est agiter la Provence
Comme un mouchoir parfumé.

J'aime aussi le peuplier. Son allure toujours juvénile
élancé comme une jeune fille.
Et sa menue monnaie
qui bruisse dans les poches du vent.
La peupleraie de mes souvenirs d'enfance,
anormalement alignée par une main d'homme,
frémit et chante et grince à jamais
dans mon corps caisse de résonance.
Je suis encore l'enfant allongée
le dos contre la terre, les yeux dans ceux d'un ciel
où tente de s'envoler
des milliards de feuilles argentées.

Et ce chant qui s'élève
c'est celui des esclaves qui ne peuvent
se libérer.


2015

10 commentaires:

  1. On a tous chacun sa "madeleine". Pour les uns, c'est une odeur, pour les autres un paysage...Merci pour ce très beau texte, Désirée.

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  2. C'est fou ces amis en communs que nous avons et qui collent si fort à notre peau, à notre âme, depuis toutes ces années !!!

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    1. Ah ma chère Ka' je ne t'ai jamais dit comment tu m'as attrapée il y a déjà quelques années...j'avais suivi un lien je crois et en arrivant chez toi je suis tombée sur un billet qui parlait d'arbres. Et ça m'a parlé tellement fort que je suis revenue. Et que j'ai même écrit un petit truc jamais publié. Et depuis j'ai souvent lu chez toi des textes qui te touchaient et me touchaient en écho, alors oui nous avons des sensibilités communes et je crois -ceci dit sans vouloir nous vanter- une belle humanité.

      Depuis quelques temps nous envisageons de déménager mais que ferai-je sans mon cèdre, sans sa caresse à mes fenêtres? Cela fait vingt ans qu'il me réjouit avec son chant d'oiseaux...les arbres sont ma respiration.

      Je t'embrasse chère Françoise :)

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  3. Les arbres, j'ai ça dans la sève... Et toi, comme dirait Nougaro à Alexis Gruss(entendu cette semaine à la télé), tu es un oiseau, mais de ceux qui se posent sur mes racines

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    1. Mon baobab. Je continue à te lire tout doucement et je t'aperçois, je suis sûre que c'est toi que je vois furtivement, pudiquement, entre les lignes parfois.C'est drôle tu es si délicat dans tes voiles et moi qui vais toujours à poil, c'est un peu indécent n'est-ce pas? Nougaro a dit cela à Gruss?? Comme c'est beau! Je veux bien être l'oiseau qui se pose sur tes racines, celles que tu voudras bien mettre à nu, et je devinerai les autres qui se cachent sous terre :)

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  4. Hum!
    Tu vas plus à plume qu'à poil et ta nudité n'a rien d'indécent. Seul le regard des autres parfois est indécent...

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  5. Nictus LL Pontife1 avril 2015 à 22:34

    La virginité consommée est toujours présente comme l'enfance chez le vieillard pour peu qu'il y soit sensible

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  6. L'enfance s'impose dans l'adulte il me semble. C'est ce que j'ai pu observer parfois.Sommes-nous vraiment des adultes? Ce n'est pas parce qu'on a des enfants que l'on cesse soi-même de l'être, non? Je te crois très capable de faire l'enfant ^^

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