Evidemment...




Les places sont arrivées après les "événements". En deux volées. Cinq billets officiels. Pour Elle et les potes. Deux concerts. Deux fois plus de risque d'être une cible.

Evidemment qu'elle ira. Evidemment qu'elle sera là, dans la fosse, puisque c'est l'endroit qu'elle préfère, au plus près des artistes.

Alors bien sûr que j'y ai pensé, à tous ces gens qui étaient là-bas, au Bataclan et que la mort a cueilli avec une violence inouïe. Bien sûr que je lui ai demandé d'aller dans les gradins s'il y en avait, son père a rajouté "Ou tiens-toi près des issues de secours" et elle a souri. Elle ira dans la fosse parce que c'est ce qu'elle préfère et ce ne sont pas les assassins qui vont décider de sa vie.

Peut-être décideront-ils de sa mort, mais pas de sa vie.

Et moi je convoque les anges gardiens et tous les bons esprits, je la pare d'un amour sans faille, je la vêts de lumière, je la fais invincible. Si tous mes gris-gris et mes talismans, mes prières, mon amour puissant, ne la protègent pas alors je m'incline, c'est que l'heure était venue. Et tous mes pouvoirs s'arrêtent au point de passage final.

Je n'ai pas peur, je rends ma fille au hasard, au destin, enfin je la remets entre les mains de. Je la confie, je la pousse hors de mes bras, qu'on en prenne bien soin, c'est la seule que j'ai. Je l'aime comme je n'ai jamais aimé personne, dans un don absolu. Comme je l'écrivais il y a longtemps, le véritable amour je l'ai appris de mes enfants, pas des hommes.

Elle ira au concert. Deux fois le même mois. Deux fois je vais retenir mon souffle, mon sang dans mes veines.

Et elle reviendra.

6 commentaires:

  1. Bonjour chère Dé.
    Je me reconnais parfaitement dans tes mots. Une de mes filles vit à Paris et elle aussi aurait pu, il s’en est fallu de peu, être parmi les victimes du vendredi 13. Certes la vie continue et dois continuer sous peine de donner raison à ceux qui justement n’attendent que ça : que nous cédions à la terreur. Mais c’est bien plus facile à dire qu’à faire…
    Je t’embrasse… en apnée.
    David

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    1. C'est affreux rétrospectivement. De songer à ce qui aurait pu se passer. Je reste marqué par cet homme en larme dans un petit village, qui a perdu ses deux filles. L'une arrivait de Barcelone, l'autre étudiait à Paris. Elles s'étaient donné rendez-vous au café. Elles sont mortes ensembles...

      Oui c'est vrai on est forts face aux hypothétiques disparitions de nos enfants, je n'ose même pas envisager de quelle manière je réagirai si je perdais un de mes deux enfants.

      Je t'embrasse avec toute mon amitié cher David :*

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  2. Comment ne pas avoir les pensées qui sont les tiennes....
    Ma compagne de vie (qui a pris sa retraite il y a qq mois) allait souvent à Paris pour son job, parfois plusieurs jours....
    Je frémirais si elle devait y aller actuellement....
    et cependant.... Dans notre GrandeVille, ici.... ça pourrait aussi bien se passer demain.....

    RESPIRONS !!!! TVB ! TVB ! TVB !
    :-)

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  3. Comme l'écrivait Bobin, on ne peut pas protéger de tout ceux que l'on aime. Même si on donnerait tout pour cela, il faut accepter le fait que l'on puisse perdre les personnes qui nous sont les plus précieuses. Vivre est un risque.Il faut penser le moins possible au pire et se remplir de tout ce qui est bon. Aller au concert en fait partie...:)

    Bise cher Alain

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