Et fermer les yeux





Ciselures dentelles,
de givre.
Guirlandes graciles,
accrochées aux branches roussies
de la moustache,
comme à celles des sapins,
cadavres qui feront le trottoir
après Noël.
L'hiver me pare
de sa beauté mortelle.
Ciselures légères,
de gel,
qui s'ancrent et demeurent
à chaque crevasse, sillons mal rasés
de la gueule ravinée
par un alcool d'oubli.
Fausse chaleur, maigre sursis
aux veines, roule péniblement un sang bleui.

Je meurs sans bruit indigne,
rien ne doit déranger la très sainte famille.

Pour mon repos, la mort a fait ses bras tranquilles.
La neige est plume sur le pavé
j'y sommeille comme un enfant
et doucement vagit.




2007


8 commentaires:

  1. Tu est terriblement interpellante quand tu t'y mets…
    et tu t'y mets souvent…

    j'en tremble de nos indifférences glacées noyées dans nos vins chauds…
    :-(

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    1. Oui je sais. Depuis l'appel de l'Abbé Pierre pas grand chose n'a changé, peut-être à dessein...mais peut-être que je vois les politiques plus machiavéliques qu'ils le sont. Ou pas.

      Tendresse mon ami :)

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  2. La beauté implacable de ton texte pour décrire l'horreur de la mort sociale.
    ¸¸.•*¨*• ☆

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    1. Oui c'est cela même chère Célestine: une mort sociale. J'ai entendu quasiment les mêmes mots dans la bouche de gens qui analysaient les sanctions ourdies contre les parents qui ne veulent pas faire vacciner leurs enfants avec ces 11 valences obligatoires: ces enfants ne seront accueillis nulle part, ni en crèche, ni à l'école et partout où on vous demande d'être piqué comme un veau (attention je ne suis pas contre la vaccination mais contre l'abus de vaccins douteux à des fins mercantiles) Le journaliste a parlé d'exclusion sociale. L'expression m'a glacée. Quelle horrible mesure de rétorsion, perverse, indigne du pays des Droits de l'Homme où ils se réduisent à peau de chagrin chaque jour un peu plus...

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  3. Je ressors transie de cette lecture. Notre monde est froid. Mais il y a de la chaleur, ici et là. J'ose encore espérer!?

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    1. L'espoir heureux qu'il nous en reste un peu. Mais est-ce suffisant?

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  4. Un de tes poèmes les plus percutants... Très fort.
    Je t'avouerai que depuis le jour où je l'ai lu pour la première fois, il s'impose de lui-même dans ma petite tête les soirs de grand gel.

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    1. Il me revient chaque fois que la neige tombe, que les températures deviennent polaires. Et chaque soir quand je me glisse entre mes draps blancs. Je pense alors au luxe dont je jouis d'avoir un lit, des draps propres et un toit sur ma tête...bise mon amie

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