Venise




Ô mon coeur, trésor, ma vie
s'écoule empruntant les canaux
de ton regard de mousse verdi.
Je tangue et gondole autour des roses
de ton torse, ce palais d’ocre que le soleil
a doucement tendri.
Je t'ÂME de toute mon aime.
Je viole à toutes gambes, m'élève
m'envoile où souffle ton nom
et du coup, me gonfle comme un gonfalon.
Je suis pomme à paumes, les tiennes
accueillantes à chère tendre et si chaudes
que je compote à glouglous radieux.
Oui, je t’âme mon grand canaille
Dessus dessous je ne suis plus qu’un pont
Et des  soupirs.


2017



Des mots qui volent tout seuls...



Si j'avais dû voler des mots, j'aurais volé ceux de Christian (Bobin) ou ceux de Andrée (Sodenkamp) qui m'ont si bien nourris,  et ceux de quelques autres qui m'ont un jour transpercée, puis ont fait en moi des petits.

J'aurais volé des mots étincelants de lumière, aussi beaux que le matin. J'aurais volé la profondeur et l'altitude, j'aurais volé la clarté et le sens.

Mais plutôt que des mots si j'avais dû voler quelque chose, j'aurais volé un coeur.

Voire, une âme.

Mais je n'ai jamais rien volé. Si j'ai volé quelqu'un ce n'est que moi-même. Ma muse c'est moi. C'est ma voix intérieure. Rien ne me vient de l'extérieur que je n'ai ré-inventé, re-crée. Cela me parait tellement évident. On ne parle jamais que d'un autre que l'on invente, interprète, un autre déformé, un Autre autre. Comme l'écrivait Christian Bobin: "L'homme dont je parle dans mes livres n'existe pas". De même, l'homme qui parcourt depuis longtemps mes textes et dont tout un chacun peut apercevoir la silhouette bleue entre chaque lettre, n'est que ma création. Ma muse c'est moi-même qui me l'a suit enfantée. Ma capacité à écrire de la poésie je ne la dois à personne qu'à moi, même si j'ai été transcendée par d'innombrables écrivains et poètes.

J'ai longtemps pensé à cette "muse", je l'ai décortiquée. On s'inspire ici et là mais on ne vole rien parce que tout est passé au tamis fin de nos propres filtres. Et tout n'est que re-création. L'humain bien évidemment n'y échappe pas ce qui me donne à penser que l'Autre reste un mystère. On ne connait jamais personne. Vraiment. Vraiment vraiment. Vous voyez ce que je veux dire? Celui qui partage ma vie depuis maintenant près de trente ans, bien que je l'aime, que j'ai pour lui la tendre bienveillance, il demeure dans les angles de son regard de grands mystères. Pareil pour ces deux enfants que j'ai mis au monde: mystère. C'est un peu effrayant. C'est très interpellant. Comme l'écrivait Goldman dans une de ses chansons: "On ne saura jamais ce qu'on a vraiment dans le ventre caché derrière nos apparences". Alors à plus forte raison l'autre...

Une muse n'est rien de plus qu'un papillon qui passe. Un papillon que je caresse de ma propre lumière. Que j'enveloppe d'amour aussi, parfois. Mais je ne vole pas au papillon ses couleurs, ni sa légèreté: je les passe au prisme de mon regard avant de les coucher entre mes lignes. Et ce regard poétique le transforme. le transmute comme l'or (je l'espère! ;) ) Le fait plus beau peut-être qu'il n'est réellement. C'est ça être poète. Je crois.