Soldat de lait







Ils sont venus un jour
Ils ont pris tous tes fils
Même le petit à la lèvre de lait.
Ils ont ri en posant le vieux fusil
Dans ses mains de sept ans,
En lui montrant comment
Faire aboyer le chien.

Ça a fait un grand coup de tonnerre
Un éclair, qui a déchiré ton cœur
Mama
Ils t’ont frappé quand tu as supplié,
Jeté au sol, couverte de coups et de poussière.
Puis, ils sont partis avec la nuit
Emmenant tous tes fils.
Et aussi celui, plus petit que le fusil.

Tu pleures Mama, parce que tu sais
Que la guerre va les manger
Et que tu ne reverras jamais
Tes cinq fils
Et l’enfant à la lèvre de lait.


 2007

7 commentaires:

  1. Tous les jours, hélas ! les nouvelles venues des quatre coins du monde ne cessent de confirmer combien la guerre est une atrocité ! Parce que la guerre n’a jamais de limites, elle s’attaque à tout et détruit tout, systématiquement, pas uniquement des enfants, des femmes et des hommes. Elle inflige de profondes blessures à la Terre elle-même et par conséquent à tout ce qui s’y trouve ; jusqu’au jour où la blessure, trop étendue, sera fatale, ce qui a bien failli arriver plusieurs fois déjà au cours de notre histoire. La guerre, celle qui est le propre des Hommes, est toujours totale, autant démesurée qu’au bout du compte vaine. La guerre remet en question l’humanité elle-même : cette dernière saura-t-elle, avant qu’il ne soit trop tard, vaincre ses démons, ses pulsions malsaines qui la poussent à s’autodétruire avec toujours plus d’efficacité, en entraînant avec elle le reste du monde ? Je veux le croire pour mes enfants. Et ton rappel est salutaire.

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  2. Je n'arrive plus à croire à la bonté intrinsèque de l'Homme et des hommes en général quand je vois le pouvoir de nuisance d'un seul d'entre eux. J'ai beau côtoyé des hommes de bien, vous restez Messieurs largement minoritaires. Sans parler d'immenses malheurs comme les conflits armés, il me suffit de savoir qu'une femme, une jeune fille, une enfant, est violée toutes les 7 minutes en France ( et pendant que je parle un homme quelque part est en train de déchirer le sexe et le ventre d'un être humain, de le détruire de l'intérieur. Et celle-ci, si elle en réchappe mettra des années à se reconstruire si jamais elle y parvient). J'ignore les statistiques mondiales mais ça doit être épouvantable. Le viol est si destructeur qu'il est utilisé dans toutes les guerres partout dans le monde. En envahissant Shanghai les Japonais n'ont eu rien de plus pressé que de faire prisonnières les jeunes élèves des lycées de la ville, transformant les établissements scolaires en gigantesques bordels. Pareil après la capitulation de l'Allemagne nazie, dans Berlin dévastée les femmes ont payée de leur corps le plus lourd tribut. Les Français en Algérie raflaient des gamines dans les villages à des fins de distraction masculine, et on se souvient des tristement célèbres camps en Bosnie où les Serbes brisaient des gosses à la pelle parce qu'elles étaient musulmanes. Les religions nous ont inventés un diable, ce n'était pas nécessaire: le mal c'est l'homme.Et tant que les hommes de bien laisseront faire les hommes du mal rien ne pourra jamais progressé véritablement en ce monde.

    Parfois je me sens si désespérée devant ce monde que je m'en veux d'y avoir fait naître des enfants...

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    1. Il me semble que les plus grands malheurs et toutes les guerres viennent justement de cette volonté de "changer le monde"...

      Tous les soldats, tous les guerriers répondront toujours la même chose : "ce pour quoi je me bats est juste, je suis dans le bon camp, on ne peut pas laisser faire ceux dans le camp d'en face..." Je ne dis pas que c'est bien ou mal, celui qui se bat pour sa liberté ou pour une cause qu'il croit juste, ne pourra jamais s'empêcher de se battre, la condition humaine est ainsi faite, simple constat... "Je défends MES intérêts, MA vision du monde, je veux que le monde ressemble à l'image que JE veux qu'il ait, etc..."

      La violence est intrinsèque au sentiment d'attachement à un territoire ou à une identité ou à une image qu'on veut qu'ait le monde,...

      Bref, on connaît le tableau que dessine la haine, cette volonté de nuire à l'autre et de le faire souffrir....mais à côté de ce tableau-là, il y en a un autre... le tableau de l'amour... quand il n'y a plus de volonté de changer le monde pour qu'il devienne "ce que je voudrais qu'il soit", plus de combat contre le monde, mais juste l'amour, aimer le monde tel qu'il est...

      Si je devais résumer en une phrase ce que je pense à propos de ce "je veux changer le monde", je dirais ceci :

      Se battre pour que le monde change, c'est y ajouter de la violence.

      Et je termine par un sourire vers toi, chère Désirée ! :-)

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  3. Parfois je rêve éveillée d'un endroit où la violence des hommes ne pourraient plus s'abattre. Mais presque aussitôt je me dis qu'à moins de changer de planète c'est impossible. La violence est dans l'espèce. Il y a trop d'autres qui veulent imposer leur vision du monde et des sociétés humaines. Les religieux n'écoutent pas ce que leurs maîtres ont tenté de leur enseigner: Amour, respect de l'autre, tolérance. Ils réduisent le propos à "tous ceux qui ne sont pas avec vous, comme vous, sont contre vous. Vous devez les tuez". Ce n'est pas tant la religion qui est mauvaise, c'est l'usage que certains en font pour leur propre bénéfice. L'Homme est un sous-rat souvent.

    Je suis profondément attachée à mon territoire. J'ai souvent chanté ma Drôme des Collines, je suis rattachée à cette terre par mes racines. Et ces racines remontent jusque dans mon épine dorsale, elles sont mon épine dorsale. Et pour rien au monde je ne voudrai voir ma terre changer. Et pourtant, chaque jour les marchands, les financiers, pour de l'argent. J'ai déjà perdu mon beau Vernaison, voilà que je perds peu à peu tous mes vergers...

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    1. Tant que tu seras attachée, il y aura douleur, peur, souffrance...

      Je ne dis pas que c'est bien ou mal, ou que tu dois te détacher, je vois là simplement un constat : la souffrance vient de l'attachement. :-)

      Dire "mon territoire" c'est participer à la violence du monde.

      Mais encore une fois, je ne dis pas que c'est mal, je ne te reproche rien. :-)

      Je t'aime. ( j'aime dire ces trois mots, alors dès que l'envie de les dire se présente, je la laisse s'exprimer, je ne la bloque pas. :-) ( mais rassure-toi ça n'est pas un "je t'aime" amoureux ou passionnel ;-) ) )

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  4. Ta terre est ma terre et elle nous possède. Et j'y vivrai en harmonie avec toi et tous ceux qui partagent sans inverser et pervertir la possession(c'est seulement là d'accord que nait la violence). Possession et viol...

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  5. L'attachement peut être beau, poétique. Il suffit de lire Guillevic parlant de sa Bretagne. C'est ainsi que je le vis. Je ne suis propriétaire de rien, pas même de moi-même je crois puisque j'appartiens au tout.Il n'y a pas en moi de volonté d'attacher au sens vil du terme.Je parle d'un beau et noble lien. D'un fil bleu dont j'ai besoin depuis mon enfance de graine volante. J'ose le dire: j'ai besoin, soif, de mes racines. J'aime tous les paysages mais c'est à celui de mes collines rousses, à mon beau Vercors qui me salue chaque matin de sa haute stature que je suis liée. Mais liée joliment. Par un fil de lumière.

    Des baisers mon Gémeau :)

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