Chaque fois




Chaque fois que le lent mouvement des astres
qui régit l'univers
me ramènera vers toi
ne sauras-tu jamais m'accueillir
que pour me briser le coeur?
Tant de froide distance, de lippe pincée
de portes ouvertes puis refermées, dressé que tu es
sur ton propre rocher, tour à tour brûlant
puis frileux, triomphant et vaincu,
me refusant la parole
et moi les mains encore tendues.
Mais fragile sur mes deux pieds,
et si sûre de rien, car toi fuyant
instable, me donnant à nouveau le branle
le signal du départ pour que je m'éloigne,
me voilà à nouveau saisie
tirée en arrière, frappée par la voix trop claire
du clairon de la retraite,
me voilà emportée
dans le lent mouvement des astres,
où s'accordent ténèbres et lumière,
mais nous, jamais.


2019