Mes Nuits

 


La nuit me terrifie

le coucher ne m'est agréable que bercé

par la pluie.

L'eau claire dilue l'obscurité

et m'aide à respirer.

Le sommeil est un pays sauvage

cruel et sanguinaire, peuplé

d'hommes terribles.

Je ne m'y abandonne qu'en y tombant

comme une morte dans un trou.

J'y retrouve trop souvent les horreurs

que j'ai cru abandonner au bord

de mon lit, les crimes de sang, les bombes

les petits enfants disparus.

Jamais de paix, si peu d'amour,

de moins en moins de rêves doux,

 car c'est le monde qui me poursuit

me martèle les tempes, me bourrelle de cris,

c'est le monde vois-tu

qui dans la nuit ressurgit.


DT2023   

                                                                                      

"J'ai du sang dans mes songes, un pétale séché

Quand des larmes me rongent que d'autres ont versées

La vie n'est pas étanche, mon île est sous le vent

Les portes laissent entrer les cris même en fermant" JJ.GOLDMAN/Céline DION

Entre nous

 


Il y a ceux qui nous ont abandonné

entre le soir et l'aube

sans un mot, sans raison

nous laissant tel un enfant 

triste et nu, stupéfait.

Des années ont passées

je suis allée chercher celle 

qui disait m'aimer, mon amie

à laquelle j'ai déplu sans savoir comment.

Je lui ai fait un signe elle n'y a pas touché

alors j'ai renoncé 

le coeur serré d'être si malvenue.

Avec l'âge j'apprends les douceurs en bleu

 d'une tristesse résignée.

Cette tendresse est passée

et ne reviendra plus.


2023




Bien sûr...

 


D'autres visages, oui

d'autres mots qui veulent séduire

des caresses et des soupirs,

tout glisse, rien ne me pénètre.

Je ris, oui

c'est ma chair qui veut encore jouir,

mais rien que le froid

dedans l'armure d'un hiver

qui ne veut pas finir.

Tristesse et lassitude, 

et toujours se tourne ma pensée meurtrie

vers toi, ton coeur chaud,

pour s'y pelotonner.


2022

Deux ans

 

Deux ans sans publier quoi que ce soit. 

Le laps de temps m'étonne moi-même. Je revenais bien de temps en temps voir s'il y avait encore un peu de vie par ici mais j'avoue ne pas avoir eu la force de reprendre la plume après les épreuves vécues. Pour ce qui est du deuil, je demeure coupée en deux, la partie raisonnable accepte le décès de ma mère, l'autre est toujours incrédule et doit faire un effort pour remettre sa tête dans le réel. S'ensuit encore souvent un rebond de chagrin. Je crois qu'il ne se tarira jamais. Jamais vraiment. Je suis très mauvaise pour ce qui est des adieux. Alors j'apprends à vivre avec, à accepter de verser des larmes si cela doit me faire du bien. Je le fais discrètement comme une chose honteuse, pour ne pas inquiéter les miens. C'est très étrange je trouve le chagrin, et chaque personne le vit très différemment.

Bref, le noir de la tristesse risque encore parfois de ressurgir par ici, d'avance excusez-moi.

Il est temps de se remettre en selle. 





Au long cours

 



Ma vie s'écoule lisse et tranquille

sur des galets tristes et gris.

Fendue ma montagne

avec des verdeurs trompeuses

et l'ubac transi.

Etrange soleil sur mes moraines,

du rire sur les larmes, de brusques frissons

dans l'août.

Etrange comme on respire un air 

devenu si aqueux, sans pourtant se noyer,

comme on marche encore dans un monde 

qui n'existe plus.

Malgré les douces promesses 

rien n'a entamé mon chagrin, 

je ne crois plus au Temps qui efface tout.


DT 11/2020


Damien  DREWNIAK


La lettre





J'ai caché ta lettre
entre les meilleures pages
de mes belles poètes.
Papier plié refermé sur un buisson ardent,
un incendie secret dans ma bibliothèque.
Tes mots restent un mystère
dont je n'ai pas la clé,
je ne sais pas te déchiffrer.
Mais quand je déplie la lettre
en tombent des étincelles
des étoiles par milliers,
aussi des velours et du miel,
des aubes sonores et des couchers de soleil.
Ce que je ne saurai lire
je sais bien l'entendre
tout cet amour murmure à mon oreille,
il m'appelle fleur, miroir, palais oublié
dans un désert
tu me reconnais
et je m'émerveille.




2020