En sa jeunesse...

 

En sa jeunesse

elle aurait dû se pencher nue

sur lui

arc parfait de chair

à la fois femme et mère,

sa bouche tendre

posée en linge frais sur ses lèvres,

elle aurait alors captivé

ce rebelle.

Elle l'aurait pris 

sans vouloir le garder

lui aurait fait le don inestimable

d'un morceau de son ciel,

et s'en serait allée

sur la pointe des pieds,

éternelle passagère.


Mais la jeunesse est passée

ne reste qu'une pierre

lourde en son coeur

plein de regrets.


2024



13 commentaires:

  1. "À un moment donné, j’aurais dû
    trouver les mots qui l’auraient retenue, mais je n’ai pas pu." - Camus - La peste.

    Votre plume sensible est une consolation pour l'âme. J'aime énormément.

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    1. Figurez-vous que je me suis posée cette question de fond. J'en connais en partie la réponse....

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  2. Je lis et je relis ce poème. Comme un mantra, un texte ritualisé, qui, par la répétition, faisait son chemin de pénétration jusqu'au fond du cœur et de l'âme.
    c'est curieux comme tes textes ont parfois un effet salvateur.
    Non, c'est pas curieux, c'est toi ça…

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    1. Je ne sais pas...ce week end j'ai relu les textes d'ici et certains m'ont enchanté comme si c'était une autre qui les avait écrit. C'est bête. Je subis une sorte de décalage avec ce que j'écris, je doute tout le temps que ces mots soient sortis de mon jus de cerveau. Ce ne serait pas ce qu'on appelle "le syndrome de l'imposteur"?

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    2. Tu as raison, ce petit moi qui veut s'accaparer de tout est un imposteur. Je comprends que tu sois "enchantée" par tes anciens écrits parce qu'avec le recul il devient évident qu'ils viennent de la grandeur qui t'habite. On a appris à s'identifier à un personnage limité, souvent fautif, alors que ce que nous sommes déborde immensément de ce personnage. Et toi tu as la chance de le laisser parler assez souvent. kéa

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    3. Il m'arrive de ressentir ce sentiment étriqué qu'évoque Kéa, alors que nous sommes un puits extraordinaire d'énergie, de créativité, d'expansion de soi-même, parce que notre nature profonde est là.
      Parfois je retrouve anciens écrits il y a bien des années et je m'interroge « c'est vraiment moi qui écris cela ? » Parce que je ne m'en souviens plus du tout. Et là je m'extasie quelque peu devant moi. Pas une once d'orgueil. C'est plutôt du genre : « ben mince alors, on est capable de bien plus que ce qu'on croit »
      il y a des relents néfastes d'enfance qui reviennent comme de l'indélébile, par exemple ces mots de ma mère souvent répétés « tu es un bon rien ! »

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    4. Kea. Je crois qu'effectivement quelque chose nous habite qui nous dépasse. C'est une question que je me pose souvent "Qu'est-ce qui s'exprime en moi?" Avec cette sensation d'être "multiple". D'être à la fois "physique" et immatérielle. Celle qui est au monde est assez bien connue des autres, des proches, mais l'autre, elle leur est plus qu'inconnue: étrangère. Ce que j'exprime à travers mon écriture c'est peut-être cette fracture...
      Alain. Ah, nous nous rejoignons sur le coup du "c'est de moi ça???" Oui pas d'orgueil ni vanité -la trique de l'humilité est toujours prête à sévir- juste un enchantement d'avoir pu poser de si belles phrases, de si merveilleuses images, tout un monde crée et partagé. J'ai moi aussi subi ces mots qui nous ont minimisés. Je lisais trop, j'étais trop cultivée. On m'appelait "puit de science" mais ce n'était pas un compliment. Bref j'ai été considérablement fragilisée à l'adolescence après avoir eu une enfance assez protégée de la mesquinerie des adultes. Ce sont des mots terribles "tu es un bon à rien", ça peut détruire un enfant des mots comme ça. Nos parents ne se rendent pas compte de l'effet dévastateur que cela peut avoir. Je me suis toujours gardée de ces mots-là avec mes propres enfants, me souvenant combien ils font mal. J'espère que tu sais que tu n'es pas un "bon à rien" ;)

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  3. Il est très difficile d'écrire le regret sans tomber dans le pathos.
    Et tu le fais si bien, gente dame.
    Ce texte est un joyau. Un diamant pour les coeurs alanguis par cette fin d'hiver.
    Quant à ce sentiment évoqué plus haut par nos amis chers, et par toi, ce syndrome de l'imposteur, je ne peux que plussoyer. Au terme de la relecture de quinze années de blog, je me suis (agréablement) surprise à trouver certains textes magnifiques. Oh oui, ce que nous sommes dépasse bien souvent l'image que l'on a de soi, et qui a été formatée par d'autres que soi.
    Je t'embrasse
    •.¸¸.•*`*•.¸¸☆

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    1. Ohlalala le club des humbles maladifs est officiellement ouvert! ;) Une petite anecdote tiens: Il y a quelques années j'ai écrit un poème qui s'appelle "Triptyque". Et l'ayant achevé je me suis relue et j'ai soudain eu un vertige et des sueurs froides. Pour de vrai. Un doute immense s'est emparé de moi parce que ce texte était si bien tourné (pour moi cela ne veut pas dire qu'il l'était pour les autres) que je me suis dit que je ne pouvais pas en être l'auteure. Que j'avais dû le lire quelque part et que je l'avais tout bonnement plagié. Et me voilà partie sur google à faire des recherches à partir de mes phrases pour vérifier l'imposture. Mais j'ai eu beau chercher je n'avais pas copié qui que ce soit. Ouf! ^^
      Oui tu as raison, formatés par les autres. Modelés par d'inamicales mains. C'est une phrase qui revient très souvent dans mes conversations: les êtres humains c'est très fragiles. Le mal qu'on peut se faire les uns et les autres. Parfois sans le vouloir alors on peut passer par-dessus, guérir, mais il y a tous ceux qui disent des horreurs sachant bien tout le mal qu'ils vont faire. Et à ceux-là on ne devrait pas donner une seule chance de nous toucher à l'intérieur.

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  4. Oui ce texte est très beau, très sensible.
    Les commentaires se promènent sur le thème " nous sommes plus que l'image que nous avons de nous-même", cela vient aussi que lorsque nous écrivons un poème, nous sommes un peu ailleurs enfin il me semble, dans mon cas c'est certain, puis lorsqu'il est fini et publié , on revient dans le monde où il faut faire la vaisselle, se laver les dents, téléphoner au garage pour les pneus de l'auto, bref la vie courante.
    Ecrire c'est aussi s'abstraire de la vie ordinaire où nous nous mouvons

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    1. Oui c'est ça. Comme dit la chanson: "C'est voler plus haut" ;) Pour tout dire je me trouve toujours dans un état un peu spécial quand j'écoute ma "voix intérieure", ce qui me parle au-dedans, au plus profond. Et qui l'est, profond, bien plus que la pensée du quotidien. Un de ces états altérés de conscience peut-être? Tu vas rire j'avais lu "Ecrire c'est aussi s'abstraire de la vie ordinaire ou nous nous mourrons." Lapsus des yeux que du coup je trouve intéressant...

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    2. Je trouve aussi le lapsus intéressant… mais je me garderai d'interpréter car il n'y a que toi qui détiens les clés…
      Mais plus sérieusement : que de merveilleux échanges il y a « ici ».
      Ton écriture et ton blog sont des bienfaisances.
      Le sais-tu ? C'est pour ça que je me permets de rouspéter quand tu dis que tu vas le fermer, mais heureusement ça ne se fera pas. Continue à nous donner. Tu n'es pas un puits de science, mais une source de vie..

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