Ainsi soit-il

 



La mort a volé tous mes anciens

et les ayant mangé

elle rôde désormais autour des vieux enfants.

Moi-même je me glisse doucement

sans hâte ni soubresauts

dans la peau tendrement transparente

du souvenir.

Je voudrai tant qu'ils pensent à moi

sans pleurer

comme je pleure ma mère...



Je ne crois plus en {dieu}

mais j'espère une surprise.



2024




10 commentaires:


  1. Cette méditation sur les départs et la mort interpelle.
    Elle nous concerne, nous, devenus des vieux enfants.
    « La peau tendrement transparente du souvenir », l'expression me touche loin.

    Je vais méditer sur la fin, l'espérance d'une surprise.
    Ça nourrit le désir de vivre encore…

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    1. Quand on se rapproche inexorablement de la sortie il me parait bien difficile de ne pas penser et méditer sur notre fin. Mais plus encore qu'à un hypothétique "après" je pense surtout à ceux qui vont rester. J'aimerai qu'ils se souviennent seulement de combien je les ai aimé. Et qu'ils n'aient pas (trop) de peine. Pour ce qui est du "souvenir" j'ai la nette impression de travailler à un futur où je ne serai pas. Alors les bourrer d'amour et de tendresse, de baisers, pour que le choc arrivant ils puissent rebondir très vite.
      Pour ce qui concerne notre "créateur" je pose ma pensée telle qu'elle, je doute profondément, ma raison me dit "foutaises" et une partie de moi "espère une bonne surprise". Je ne suis jamais à un paradoxe près ;)

      Bise mon ami :)

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    2. Quand je te lis ainsi que les commentaires, je constate le souci concernant la peine qu'auront ceux qui demeurent. Ce n'est pas vraiment dans mon propre champ de conscience. Peut-être parce que je n'ai pas eu vraiment de « grand chagrin » quand sont partis des gens que j'aimais ou des proches, tels que mes parents par exemple. Je ne vis pas tant que cela leur manque de présence dans l'état de chair et d'os. Je vis plutôt leur présence intérieure dans une forme « d'autrement » difficile à expliquer. Ça tient à la fois des souvenirs du passé en même temps qu'un présent différent sous forme de ressenti profond. Une sorte de cohabitation à modalités nouvelles.
      Pour certains « disparus apparemment » je me disais, au temps de leur vivant, que je serai le plus malheureux des hommes s'ils disparaissaient. Et bien ils ne sont plus là en chair et en os et je ne suis pas le plus malheureux des hommes. À cause de ce que je dis plus haut probablement.
      À cause aussi sans doute qu'au long de ma vie j'ai eue à « accepter l'inacceptable » si je puis dire ainsi. Mes épreuves, ma dépendance grandissante, et toutes sortes d'autres choses. Mais n'est-ce pas comme tout un chacun ?
      Je suis un pantin désarticulé, mais celui qui tient et tire les ficelles et d'une bonté, d'une habileté et d'un charisme qui force mon admiration permanente.
      Un peu comme un autre moi-même mais nettement mieux que moi.
      Douces pensées pour toi

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    3. Je vois ce que tu veux dire Alain. J'ai perdu beaucoup de personnes que j'aimais moi aussi et je "vis" en leur compagnie depuis leur disparition ce qui amoindri considérablement la peine puisque d'une certain manière ils sont toujours "là". Paul par exemple, décédé il y a quarante ans qui me "visitais" souvent et qui a été une source d'inspiration. Il n'y a que ma mère que je ne parviens pas à accueillir dans ce champ intérieur sans qu'une douleur terrible ne me submerge, j'ai la sensation d'être à vif en dedans. Le temps fera j'imagine sa besogne et je pourrai alors tourner cet "oeil intérieur" vers elle sans être dévastée.

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  2. " Je voudrai tant qu'ils pensent à moi sans pleurer comme je pleure ma mère".... quand j'évoque le souvenir de ma mère à mes proches vient un moment où le sanglot me noue la gorge. C'est comme ça et je n'y peux rien.

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    1. Je comprends, je suis là à taper quelques mots sur le clavier, à penser à elle et à nouveau le chagrin ruisselle...il n'y a pas de date de péremption à la peine.

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  3. Ainsi que tu le dis, le plus difficile est de laisser derrière nous ceux qui nous aiment
    parce qu'on en connaît la peine pour l'avoir vécue nous-mêmes.
    Ma sœur a dit en partant "le plus difficile c'est de vous laisser!".
    Et ton texte m'a inspiré ceci :
    La chandelle temporaire que je suis, faite de matière, retournera à ses éléments de base. 
    La flamme qui lui donne vie pour un moment se fondra elle aussi dans sa source.
    Chaque chandelle est différente avec ses propres aspérités issues de son milieu
    mais les petites flammes de chacune d'elles sont "d'un même inaltérable feu" 
    comme l'eau retenue dans un bassin est "Une" avec l'océan d'où elle vient
    comme l'espace retenu temporairement entre des murs est "le même" que l'espace sidéral.
    Je suis l'eau retenue temporairement dans un vase d'argile.

    kéa


    3

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    1. Kéa, ta soeur avait raison évidemment. Comment partir le coeur léger sachant qu'on laisse derrière soi ceux qui comptent le plus pour nous? Ma fille est atteinte d'une maladie grave depuis qu'elle a 5 ans. Nous avons une relation très riche. Nous sommes très proches, nous partageons beaucoup de choses. Même si une grande part de sa vie reste "privée" et que je ne pose aucune question. Mon intimité adolescente n'a jamais été respectée et j'ai mis un point d'honneur à ne pas empiéter sur celle de mes deux enfants. On peut aimer sans dévorer l'autre. Je me demande sans cesse "qui tiendra sa main" quand je ne serai plus là. C'est un soucis, presque une douleur.

      Oui nous appartenons au Tout. La Vie, la Mort, tout est enseignement.

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  4. La mort, on n'aime pas ça, la sienne, celle des autres, j'ai été parfois pour accompagner des êtres chers à des obsèques de gens que je ne connaissais à peine, même quand on n'est vraiment proche du défunt on se sent bouleversé.
    Il n'y a que la chaleur humaine qui peut atténuer la peine et l'horreur des disparitions.
    Bonne soirée à toi
    l'Marco

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    1. Alors j'ai assez peu de contrôle sur mes émotions, à un point que ça en est ridicule. Joie ou tristesse c'est du pareil au même! Pour ce qui est des défunts j'ai coutume de dire que je pleure "pour les vivants". C'est la peine des proches qui me déchire. Comme toi je suis facilement touchée par la douleur des autres. On ne serait pas humain si on ne ressentait rien ;)

      Merci d'être passé Marco

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