Iggy le chat








C’est plus qu’un chat dans ma maison:
C’est une vie sinueuse
Un mystère qui questionne
Et me laisse interdite à la porte fendue
De ses yeux.
Étroit félin qui me contemple
Si intensément que je ne peux imaginer
Que sa tête soit vide.
Mes sens trop courts me soufflent
Que je suis seulement sourde
Aux pensées de mon chat,
Qu’il faut monter d’un cran ou descendre plus bas
Sur l’échelle du monde
Pour entendre sa voix…

2014

9 commentaires:

  1. Très beau poème que vous nous faites "déguster" si je puis dire. De plus, j'aime beaucoup les chats que je préfère aux chiens et particulièrement les siamois. Ils ont un miaulement pour chaque émotion. J'en ai eu un pendant dix-sept ans.
    Merci encore.

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    1. Hello Jean-François :) Chut! faut pas le dire mais moi aussi je préfère les chats. Même si j'ai de la tendresse pour les chiens à cause de leur regard, les chats me fascinent avec le leur. Iggy est un siamois un peu abâtardi mais il est vraiment pas commun comme chat. Il a un comportement de chien! Quand il s'ennuie (et il est très quémandeur de jeux) il se plante dans le couloir et miaule d'une manière très particulière, triste, mélancolique. Et c'est comme les pleurs des nouveaux-nés: irrésistible. Je l'appelle alors par son nom et il arrive la queue droite comme un "i" visiblement très content de son effet sur ses humains. Il joue à la baballe et à courir autour du canapé. Il nous suit quand on le lui demande. Il est très bavard. Fais des sottises quand on ne s'occupe plus de lui. Il aura deux ans en mars c'est encore un enfant.Cela nous laisse quelques années encore en sa compagnie :)

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  2. Bonjour Dé.
    Quel beau poème ! Il exprime si bien le mystère de cette présence pourtant si familière. Et comme cela est vrai « Qu’il faut monter d’un cran ou descendre plus bas/Sur l’échelle du monde/Pour entendre sa voix… » Cela s’applique d’ailleurs à tant d’autres « présences » largement incomprises. Même nos semblables nous demeurent parfois hermétiques. Et en fin de compte ce n’est pas tant leur faute d’être comme ils sont que la nôtre de croire qu’il n’existe que ce premier barreau où nous sommes perchés sur l’échelle du monde.
    Mille bises à toi, « en amour » ;-)

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    1. Cher David, comment vas-tu? Tu te fais rare.

      Je crois que pour comprendre ou approcher la compréhension de nos semblables, il faut accepter de les regarder vraiment. Quand on parvient à ce point de l'amour qui est dépourvu d'attente et donc de déception, on est souverain. On y arrive. Moi je reconnais que j'y arrive si je suis décidée à aller en ce sens. Mais je suis humaine aussi, j'ai mes propres noeuds, mes propres entraves, mes propres freins. J'échoue souvent à être en amour. Mais honnêtement je suis moins pire qu'il y a dix ans. Enfin je crois ^^

      Bises!

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  3. J'ai perdu le mien comme on les perd tous : un jour il est parti, il n'est plus revenu. Une route, une bagnole, et voilà... Ma compagne a cru le reconnaître dans une forme sans vie, broyée, au bord de la nationale toute proche...
    C'est un ami qui me manque infiniment. J'aurais l'air de verser dans un sentimentalisme sirupeux si je racontais la douceur de nos rapports, de notre complicité, notre tendre respect l'un de l'autre, nos échanges généreux, notre attention partagée... Aujourd'hui encore, plus de deux ans après sa disparition, je me surprends encore à l'attendre, à l'espérer, et il est rare que je passe devant la petite desserte que nous avons laissée sur le balcon, sans avoir une pensée pour lui, pour les moments que nous partagions juste là, à cet endroit.

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    1. C'est triste mon ami. J'ai toujours un pincement au coeur, voire plus, lorsque je croise un chat mort (ou tout autre animal. Je me souviens de ce magnifique renard couché dans sa fourrure ensanglantée sur une route du Cantal...) J'ai un mouvement de tout le corps. Lui faire une sépulture digne, tu vois? Des âneries diraient certains. Mais là ils auraient tort. Pourquoi devrions-nous avoir honte de nos plus beaux et purs sentiments? Il n'y a pas de honte à avoir. Bien au contraire.

      Mes bises :)

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  4. Très joli texte chère Dé.

    Un coup de Dé toujours amplifiera mon amour. Pour elle :-)

    Tenez, je vous fais un petit cadeau, si vous l'acceptez : un collage personnel (sur la voix du comédien Denis Lavant lisant superbement Baudelaire je me suis amusé à "coller" une musique de Satie "très chatte"...)

    http://vimeo.com/92131888

    à vous,

    Alain.

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  5. Les deux vont superbement bien ensemble Alain :) "Il inspire toute chose dans son empire..."

    Pour toi, une lecture d'hier..."J'ai vu la mort éteindre deux yeux couleur de mirabelle. Ces yeux étaient ceux d'un petit chat noir à la maigreur franciscaine, sorti de la forêt qui entoure la maison où j'écris.Deux années d'enchantement ont suivi sa venue avant que la mort mette la main sur ce joyau. Dans la dernière heure, son corps adopte une souplesse de poupée de chiffon, ses yeux tiennent un peu jusqu'à ce qu'un sidération les écarquille et que leur couleur mirabelle inonde le monde. Son étonnement est alors d'un vrai penseur qui sent que quelque chose est sur le point de naître. Puis, une lumière noire, liquide, luisante comme une laque couvre ses yeux. Quelqu'un dont le masque semble celui d'une divinité égyprtienne me regarde à travers eux sans me voir- un juge si profond qu'il renonce à son jugement. Des royaumes de nuit me fixent, indifférents. Et tout prend fin. Une confiance, une douceur et une élégance ont ce soir-là disparu de l'univers.Quand je repense à cette soirée, un long éclair traverse mon cerveau et s'enfonce dans ses entassements blancs. J'avais eu le triste privilège de voir une innocence vidée en un instant de sa lumière. La grande vague noire lancée du fond des temps avait repris un des siens. Le chat avait rejoint la source de ses beaux yeux."

    Tu vas bien? :)

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  6. Je vais comme le temps chère Dé,

    C'est très très beau ce texte. Il me fait penser à une femme, que j'ai aimé et que j'aime encore.

    Elle n'est pas morte mais quelque chose est mort ce jour-là, dans ses beaux yeux.

    La fin de l'innocence. L'amour déchu. Le début de la haine. Et de la rancoeur. Le regard amoureux qui devient sec, froid et fendant (comme un dard)

    Qui l'a écrit ?

    Alain.

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