C'est à cause du chat






C'est à cause du chat
qui dort rond comme une galette
au bout du lit
que mes pieds ne dansent plus la nuit
sous les draps.
C'est parce qu'il me rappelle
à coups de petits crocs blancs
qu'il est là
tel un point au bout de moi
que mon agitation cesse.
C'est le calme du chat
qui s'insinue en moi, son regard immuable
sa grande sagesse, son immortalité.
C'est à cause du chat si je m'apaise,
si tout redescends, si chaque chose reprend sa place
ni trop haut ni trop bas,
c'est à cause du chat que je deviens chatte
que je me pose en sphinge d'obsidienne
et que du fond de mon temple, je contemple
tout ce qui vient à moi.


2014
Léonor Fini

6 commentaires:

  1. Bonjour Dé,
    J’adore les chats, parce que d’une certaine manière je me reconnais en eux ; et en cette occasion ils me le rendent bien : je suis si heureux de te retrouver. J’ai bien cru un moment que tu allais t’éclipser pour de bon, et je n’arrivais pas à imaginer « ma toile » déchirée par cette énorme béance que tu y aurais laissée !
    Milles ronronnements :-)*

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  2. Bonjour David :) Moi pareil j'allais dire. Et puis il y a ce quelque chose qui se passe quand on échange un regard, cette manière altière mais douce, je dirai (sans tomber dans l'anthropomorphisme mou) qu'il y a de la bienveillance. J'aime mon chat et il m'inspire de belles réflexions sur les relations, le genre humain.

    J'ai bien cru que j'allais arrêter cette fois. Je suis tombée dans un grand trou sombre mais une main s'est tendue. Et une main humaine à moi, ça suffit. :)

    Comment vas-tu?

    Des bises :*

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  3. Désirée
    Je ne peux vivre sans chat:
    http://renaudm.canalblog.com/archives/2014/06/29/30164776.html#comments
    Il m'apaise et est mon confident pour tout un tas de petits secrets.
    Comme toi je m'abstiens de bouger lorsqu'il est lové, la nuit, contre moi.
    Je t'imagine bien la tête droite, en position couchée, les jambes allongées parallèlement, ressemblant à une reine
    ou une divinité, placée devant ton temple et moi venant t'offrir mon chat avec, pourquoi pas, un panier de mirabelles :-)
    Ton texte m'a bien plu.
    Vive les minous.
    Renaud

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  4. Sourire. Mon chat m'interroge. M'interpelle. J'aime sa conversation, quand il s'ennuie il m'appelle: on dirait qu'il dit "maman". ^^ Il y a un mystère dans le chat, un mystère que j'ai plaisir à étudier sans velléités de le défaire...

    Merci pour les fruits Gentil Renaud, bisou :)

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  5. Tu me fais penser au mien, qu'est parti y'a déjà... quoi ? un an, deux ans... Un pote, un drôle de bestiau, un qui m'avait à la bonne. Ce qui fait toute la valeur du chat, c'est le choix de son amour. Comme il te le donne, ou pas. Avec lui, j'avais une relation singulière, comme d'égal à égal. Je sentais un profond respect pour lui, je l'aimais sans vouloir le posséder, et j'aimais comme il me témoignait son attachement. J'ai des souvenirs plein le cœur avec lui. J'ai pas pu en reprendre un autre après. Trop mal de l'avoir perdu, et cette vague idée, du genre qui se prend pour une certitude, que je retrouverais jamais ça avec un autre.
    Tu m'y fais penser parce qu'il me faisait du bien, il me calmait l'âme. Comme le tien. Il dormait ailleurs, il était rarement là la nuit, c'était pas là qu'il me donnait cet apaisement. On avait un pacte : il aimait pas qu'on le prenne dans les bras, à cause des gamines qui l'avaient un peu trop emmerdé avec ça. Alors, sur le balcon, il venait se poser sur la petite desserte, moi je m'y appuyais sur les coudes, et je le câlinais comme ça. Et y'avait des fois comme un débordement d'affection, où j'avais envie de le serrer contre moi. Je lui disais, du genre juste un p'tit peu, pas longtemps. Il se laissait faire, un p'tit moment, puis je sentais ses patounes se raidir, et ça voulait dire qu'il fallait que je le repose, ce que je faisais en le remerciant. Et c'était bon... c'était un peu de douceur et de bonheur.
    C'est drôle, je lui ai jamais vraiment donné un nom. On l'avait appelé Volverine, parce que tout petit, il allait foutre des peignées à la chienne, qui le laissait faire. C'est la grande qui l'avait appelé comme ça. Moi, je l'appelais Monsieur Chat, ou Le Chat, ou Mon Poto. C'est pas commun de pas appeler quelqu'un, surtout que je lui parlais beaucoup, mais j'arrivais pas à lui trouver un nom qui lui corresponde, et puis je crois que j'en voyais pas l'intérêt.
    J'ai plus d'animal aujourd'hui. C'est moi l'animal, sale bête au caractère de merde, la SPA voudrait pas de moi... Je regarde les photos qui me restent, je pense souvent à lui quand je m'en grille une sur le balcon. Quand il était là, si on se faisait pas un câlin sur la desserte, au lieu de m'accouder à la rambarde comme je fais maintenant, je m'asseyais par terre, et il venait entre mes guibolles.
    Dans le jardin, y'a des écureuils, c'est comme des chats, mais des chats qui t'auraient pas adopté. Ils sont beaux, ils sont loin, ils ont sans doute raison.
    Bon... je me lamente et je dis pas comme j'ai trouvé ton poème beau. En même temps, c'est lui qui me fait bavasser, c'est un signe... On s'en fout un peu des signes... Il est beau et vrai, ton poème, surtout dans la paix dont il témoigne, et avec la belle simplicité des choses que tu lui as donné.
    Je m'arrête là... Ça fait du bien de passer un peu de temps chez toi, chercher quelque chose de beau. Tu lui as donné un nom qui lui va bien, à ton p'tit coin...
    Des bises... à bientôt...

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  6. Ah mon cher Bifane! c'est toujours un bonheur ta visite. Et puis j'aime tes commentaires à rallonge où tu te racontes un peu, simplement, sans gonfler du melon. Je regrette de ne pas savoir mieux entretenir le lien avec mes rares ami(e)s, de ne pas être assez bavarde hors ce blog. C'est drôle d'ailleurs avec l'âge je rejoins mon enfance taiseuse, je parle de moins en moins, je crois qu'en cela on se ressemble un peu. Alors tout ce que tu dis de ton chat et bien vois-tu c'est un peu comme le mien. Il s'appelle officiellement Iggy (on lui donne plein de noms gentils, je l'appelle souvent "manou", ma fille l'appelle "guigui" ;) ). Et il connait son nom. Quand on l'appelle, il a des manières de chien: il rapplique la queue droite comme un "i". Mais les câlins c'est selon son bon vouloir. Il est pas du genre non plus à dormir sur nos genoux. Mais la nuit il saute silencieusement sur mon lit (qui est haut comme ceux des grands-mères) (et ça ça me plait tu vois, cet élan qui le porte et quand il retombe, à peine tu perçois son poids. C'est magique un chat, ça doit avoir des ailes invisibles) et puis il se cale très près en s'y reprenant à une ou deux fois pour avoir bien le dos contre tes jambes. Moi je bouge énormément alors c'est pas trop contre moi qu'il cherche un coin du feu, mais l'homme quand il s'endort c'est comme s'il se transformait en gisant: plus un orteil qui remue. Alors tu parles c'est Byzance pour le chat ^^ Par contre il est jaloux de ma fille. Il lui donne des petits coups de dents, il fait mine de l'attaquer. Oh il est jamais méchant parce que bon il pourrait faire mal vu sa taille, c'est un grand chat qui a de jolis crocs. Mais bon c'est un jeune il n'a qu'un an et demi. Parfois d'ailleurs je l'imagine dans dix ans ou plus. Je me vois bien vieillir avec lui. Deux taiseux ça va bien ensemble. Un siamois ça peut vivre longtemps, je me souviens de celui d'une mamie qu'elle trimbalait partout avec elle dans son panier aménagé pour lui: il avait 25 ans. Elle disait avec des trémolos dans la voix qu'elle ne savait pas "comment elle allait faire quand il ne serait plus là". C'était émouvant. Ma plus jeune soeur a deux chats: un vieux et un jeune. Le jeune est jaloux de ma petite nièce mais quand il fait mine de l'agresser, le vieux lui mets des peignées! Celui-là le jour où il va disparaître il va leur manquer cruellement, le jeune chat n'a pas trouvé sa place dans la famille. Il vadrouille beaucoup, alors que le vieux, non. Il reste autour de leur maison. Un chat c'est étonnant comme cela a sa personnalité.

    Bin tu l'aimais ce chat d'évidence. Pas pour toi mais pour lui. C'est peut-être pour ça que tu n'en as pas repris un autre. Un chat ce n'est pas un objet qu'on change. C'est aussi pour ça que j'ai du mal à supporter qu'on les maltraite, que ceux qui traînent abandonnés dans mon quartier à la recherche d'un peu de nourriture, sales et couverts de vermines, m'inspire tant de pitié. Je l'avais écrit d'ailleurs: "Un chat devrait toujours avoir une maison". C'est pas humain, ni félin, de ne pas avoir un coin de radiateur, quelques caresses et une gamelle de croquettes.

    Sinon tu vas toi? Tu te fais si rare...mais c'est bon quand tu te poses dans le virtuel et ça me fait toujours un gros plaisir :)

    Je t'embrasse mon Bif'

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