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Ma mère cet océan.

Jean-Michel Ribes

8 commentaires:

  1. Un jour j'ai écrit cela:
    « Poussée par les vents contraires, la petite fille ne savait plus comment se tenir face aux assauts de la mer montante et descendante. Elle cherchait désespérément l'assentiment de cette géante aux yeux délavés et lointains, qui se disait sa mère, attendant une reconnaissance, un geste tendre, un mot gentil.
    Mais comment recevoir cela de la part d'un être muré dans une sorte de mélancolie étrange, qui passait parfois du rire aux larmes en un instant ? Alors le mutisme désespéré faisait place aux paroles blessantes. Le drapeau des idées noires était remplacé par celui de l'activité débridée. Quand la logorrhée se mettait en route, la petite fille fuyait se cacher dans ses poupées, au creux de ses peluches, et parlait aux livres, aux fleurs, aux étoiles filantes, à toutes les choses qui lui paraissaient l'entendre mieux.
    Comme elle se sentait nulle, et coupable de ne savoir que faire pour soulager les souffrances et les soubresauts de cette mer agitée !
    Alors elle pensa qu'elle devait dire « oui » tout le temps, sous peine de déchaîner les tempêtes maternelles. Et malgré tout, elle ne recevait bien souvent que des « non » en réponse.
    Ainsi, longtemps, trop longtemps, la petite fille n'a pas su dire non. »
    💝

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    1. Tu vois je me demande si l'enfant en souffrance en nous, malgré les années, notre capacité naturelle à la résilience, n'est pas toujours là, avec sa chair du coeur à vif, prêt à surgir au premier coup bas de ces parents qui n'ont jamais été à la hauteur pour quelque motif que ce soit. C'est mon cas. Quand ma mère déraille, dit des horreurs, j'ai encore mal et je m'en veux de ne pas m'être assez élevée pour être enfin intouchable...ceci dit, pauvre petite fille, je la comprends, j'ai été et je suis encore très souvent une "muette", une "qui fait la morte", face à une langue aiguisée comme un couperet. Parfois je me demande quel plaisir odieux peut-il y avoir à faire du mal à ce qu'on a de plus précieux, à savoir ses enfants?...

      Bisou tendre chère Célestine

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  2. Ma mère......

    ... cette terra incognita...

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  3. Ma mère cet être de chair et de sang qui m'a donné la vie, si pleine d'amour et pourtant parfois si pleine d'éloignement, inconsciemment en quête de ses propres origines, construite sans sa matrice, sa source, qui l'avait abandonnée à sa naissance. Comment se bâtir se façonner, se maçonner, s'harmoniser sur autant de vide, de manque, d'ignorance. Maman n'a pourtant jamais pu exprimer ce besoin de remonter au plus haut de sa vie, au tout début, peut-être vers ses derniers instant, quand en pleine confiance, conscience nous étions toutes deux, elle en parlait un peu, mais avec légèreté comme si cette part d'elle-même devait continuer son chemin dans le mystère... J'ai toujours été étonnée qu'elle n'ait point ce besoin de connaissance, de re-connaissance.... maman cette âme pourtant si fortement structurée ! une histoire qui demeurera pour moi inachevée dans sa construction.... "ma mère cet océan".... cette mer immense d'où je viens !
    Merci Dé pour tes mots si évocateurs....

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    1. Chère Den je ne peux même pas imaginer comment on peut se construire sans parents. J'ai manqué d'un père et j'en ai tellement souffert longtemps. Peut-être que ta maman s'est construite en aval, en te donnant la vie. C'est la manière dont je me suis réparée: en fondant ma propre famille et en adorant mes enfants. Mais le manque ne disparaît jamais tout à fait et ta maman a dû vivre avec des questions toute son existence même si elle montrait ce visage courageux du non-besoin de connaissance. C'est humain...

      Bise chère Den

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  4. Après "Vents contraires", il aurait pu aussi écrire : "Ta mère cet autre séant".

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    "L'enfant en souffrance en nous" est parfois en souffrance de son enfant...

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    1. Je ne sais que te dire...je ne peux parler que pour moi. Ma fille va pas trop mal. On fait juste gaffe que son traitement ne lui colle pas un cancer. Chaque vendredi je vais la récupérer à la gare et je la serre dans mes bras. Je m'en gave.

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