Racines

 




Depuis que je m'adonne à la généalogie, je me suis souvent désolée que mes ancêtres étaient pour le moins timorés. Lorsqu'on regarde la carte qui les situent jusqu'en 1650 environ, on voit bien qu'ils sont tous du même coin, dans un rayon d'environ 50 kilomètres (en étant généreuse). Un seul "estranger": mon petit François. Déposé dans un tour d'hospice à Lyon en 1837. Sa mère a laissé une lettre dans laquelle elle demandait qu'il soit baptisé, malgré l'abandon elle lui faisait aussi le cadeau d'un nom et d'un prénom. La piste, malgré mes recherches s'arrête là. Qui était-elle? D'où venait-elle? Qui était le père? Mystère. Comment François a t'il  "atterri" dans la Drôme? Simple: il y a été placé chez un couple de fermiers à quatre jours à peine. Et il y est resté. Y a fait souche.

Voilà le plus "exotique" de mes ancêtres. J'ai souvent lu que tous les Français "descendraient" de Charlemagne d'une manière ou d'une autre. Dans mon cas donc, c'est d'une autre...je n'ai dans mon arbre que des paysans, des laboureurs, des manouvriers, parfois des paysans propriétaires de leur bien. Des tisserands. Malheureusement point de nobles, petits ou grands, dont la lignée remonte jusqu'à Mathusalem: une bénédiction pour tout généalogiste amateur car pour des raisons évidentes d'héritage et de lignée ceux-ci tenaient leur arbre à jour.

Jusqu'à cette semaine. Je remontais doucement l'arbre côté époux, par sa mère Normande quand je tombe sur l'inespéré: un noble! Bon, un petit, avec un petit château (Nacqueville). Mais en tirant doucement le fil je découvre non pas Charlemagne mais Rollon. Le premier duc de Normandie. Et ma fille hilare de s'exclamer:" Et bientôt tu vas me dire que mon ancêtre c'était Guillaume le conquérant??" Heu...oui. En ligne directe, par les héritiers mâles jusqu'à la Renaissance où le fil bifurque dans le giron d'une fille: Charlotte de Montmorency. A partir de là adieu veaux, vaches, cochons, titres et grands domaines. Charlotte épouse un petit seigneur de banlieue et les générations suivantes vont perdre grandement en prestige. Je trouve la chose étonnante. Et édifiante. Avoir été d'une famille comptant plusieurs grands maréchaux de France, conseillers des rois de l'époque, et petit à petit n'être plus que des anonymes. Des sans grades. Comme quoi, tout cela, même s'il perdure dans certaines familles, est bien volatil. 

Depuis j'ai appris que ces grandes familles ne divisaient ni les titres ni les domaines entre les enfants, l'aîné mâle héritait de tout, les autres devant se contenter des miettes. C'est ainsi que Charlotte épousa un petit seigneur campagnard avec sa petite dot bien qu'elle fût le premier enfant de ses parents.

Finalement, avec mon enthousiasme et ma fougue habituelle j'en parle à la famille, tout le monde se marre et mon époux se fait appeler: "sa majesté". Il n'y a décidément que moi que ce truc passionne. Ah si: ils sont contents d'être des "vikings". C'est déjà ça ;) 

4 commentaires:

  1. Moi je ne sais pas grand-chose de ma lignée sauf ce que m'a dit ma mère au sujet de sa famille qui est d'origine allemande. Je sais que ses ancêtres sont débarqués en Amérique sur la côte de Gaspé, à l'embouchure du St-Laurent et que lorsque sa propre mère était enfant la famille vivait de la pêche. Du côté paternel, j'en sais encore moins.
    Être née dans une famille tout à fait simple me paraît heureux car je me suis toujours demandé ce que ce doit être que de naître dans une famille très riche, déjà que nous vivons dans des pays coupables de tant d'abus en ce sens. La colonisation par exemple.
    Je m'éloigne du sujet. Pourtant je suis intéressée par la généalogie parce qu'elle raconte l'histoire de façon connexe. Celle qu'on apprend à l'école est biaisée. Ici par exemple, ce qu'on nous a dit au sujet des premières nations était si malsain et erroné qu'aujourd'hui encore ils vivent dans des réserves et se sentent gênés d'être ce qu'ils sont.
    J'ai été bien contente de te lire.
    kéa

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    1. Chère Kéa, ce que je peux dire ici c'est le bien que ces recherches m'ont fait. Ce sentiment d'appartenance qui me manquait cruellement depuis l'enfance, cette envie d'être un maillon de la chaîne, un fruit de l'arbre familial. C'est un sujet récurrent dans ma prose et j'ai croisé des personnes qui ne comprenaient pas cela. J'imagine que seuls des enfants non désirés et supposés bâtards peuvent saisir la profondeur du mal être qui m'habitait. Oui les retrouver tous, au fil du temps, voir se dessiner leur histoire m'a "reconstruite" d'une certaine façon. Dénouer le mystère autour d'Euphroisine qui avait changé son prénom pour devenir Sophie, ou cet ancêtre qui s'est noyé en voulant "se rafraîchir les pieds" dans la rivière en 1731, compatir au malheur de trois enfants morts la même semaine, ce sont des vies du passé qui renaissent soudain. Ce ne sont pas que des noms dans des registres. Ils ont existé et je les porte en moi.

      Aussi si cela t'intéresse je t'encourage à faire quelques recherches surtout que les registres sont disponibles sur internet maintenant.

      Merci d'être venue me lire :)
      Désirée

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  2. On apprend beaucoup de choses à remonter le passé. Ce fut une passion de mon père durant sa retraite, il a recueilli beaucoup de choses avec beaucoup de correspondances et de visites (il n'existait pas Internet…). C'est mon frère aîné qui a repris le flambeau lors de sa propre retraite. 10 ans de travail ! Plus de 1500 pages A4 rédigées avec énormément de fac-similé et en replaçant le tout dans chaque époque. Un travail que je consulte assez souvent.
    Aucune noblesse, aristocratie ou bourgeoisie par chez moi. Plutôt des petits artisans ou commerçants qui ne furent ni riches ni pauvres et qu'on retrouve de la frontière belge la Normandie, à l'exception de quelques aventuriers qui partirent « aux Amériques ». Il y eut quelques « Tonton Cristobal » !
    Aussi j'ai bien aimé ton récit parce que je crois qu'il est important, voire fondamental, de remonter son histoire autant qu'on le peut.
    Il y a dans mes connaissances des personnes « abandonnées à la naissance » parce que évidemment c'est la mère qui « avait fauté » et mérité d'être rejetée par tous. Surtout quand c'est l'instituteur du village qui avait violé la fille du maire. Évidemment que c'était la fille de 16 ans qui avaient tellement aguiché l'instituteur qu'il avait été forcé de la violer pour finir par l'engrosser. Bien entendu tout le village avait approuvé qu'on la chassa définitivement. (Paraît que l'instituteur disparut mais que le maire fut réélu. Il avait su remettre de l'ordre dans la morale républicaine).
    Pour que le passé ne nous rattrape pas, il faut aller de nous-mêmes le rechercher là où il est pour lui demander des comptes.

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    1. Pardon pour les fautes...je ne les vois qu'après coup.

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